Un·e maquilleuse·eur ... combien ça coûte ? En temps ? En argent ?


Parce qu'il est difficile de se rendre compte de ce qu'un métier implique quand on est pas de la partie, je vous propose de décoder pour vous un budget type, en l’occurence celui d'un·e maquilleuse·eur qui propose des maquillages festifs sur des événements (aussi appelé parfois maquillage enfant). Mais je pourrais faire le même travail pour un budget bodypainting, fx, beauté, etc.

 

Embaucher un·e maquilleureuse professionnel·le pour votre événement, ça peut être trop cher pour votre budget - pas de soucis, on sait toustes ce que c'est d'avoir un budget serré. Mais ça n'est pas trop cher pour ce que c'est, loin de là, et les professionnel·les du secteur ne roulent pas sur l'or ! Et rares sont celles et ceux qui en vivent ... Petit tour des charges d'un·e maquilleureuse !!

 

Et il est vrai qu’on tombe sur des charges évidentes, et des charges induites ou cachées ...

Côté évidences, on trouve :

  • Le matériel :

    • Les consommables : maquillage sous toutes ses formes (fards à eau solides ou fluides, poudres, etc.), les paillettes, les lingettes, le gel hydro et les masques, quelques ustensiles beauté ou coiffure tels que mascara et crayons, laque, pinces à cheveux, etc. Le maquillage et les produits professionnels coûtent très cher (c'est normal, c'est de la très bonne qualité) et un·e pro les renouvelle souvent.

    • Le matériel "semi-consommable" à renouveler régulièrement : pinceaux, éponges, verres, vaporisateurs, serviettes, etc.

    • L'investissement à long terme : mallettes de transport, chaise(s) adaptée(s), table, nappes, déco, lumière, barnum pour un stand, matériel électrique, etc.

  • Le transport :

    • Chaque prestation nécessite de se déplacer : ce sont des coûts directs, l'usure d'un véhicule, du temps de travail passé en voiture, etc. 

  • Des charges : que l'on soit salarié·e au régime général, qu'on fonctionne en auto-entreprise ou encore qu'on soit intermittant·e, on paye des charges. Les taux sont variables, mais les sommes sont toujours là, et représentent au mieux 30% du montant de la facture, quand ce n'est pas 50%.

Mais ce métier induit aussi tout un tas d'autres charges, décomptées du budget ou payées en temps de travail ... et celles-ci sont moins évidentes :

  • Assurance : impossible de maquiller sans être assuré·e. Bien qu'on n'ait jamais à y avoir recours, il est impensable de pratiquer une activité professionnelle, d'autant plus qu'on applique des produits sur la peau, sans être assuré·e.

  • Formation : les formations en maquillage coûtent extrêmement cher, mais sont indispensables pour se maintenir toujours au niveau et s’améliorer dans sa pratique. Pour celles et ceux qui n'ont pas les moyens de se payer de la formation continue (on est nombreux·euses dans ce cas là !), se former implique de passer un nombre d'heures incalculable et beaucoup beaucoup de matériel en auto-formation grâce à des supports gratuits et au travail des collègues, dont un grand nombre proposent des tutos de toute sorte et animent des groupes de travail collectifs (un immense merci à toustes !!!).

  • Communication : vivre du maquillage implique de se faire connaître. Et aujourd'hui, comme pour tous les métiers visuels, il est impossible de sauter la case "réseaux sociaux". Donc des heures de prises de vues et shooting photo, de rédaction, de maquillage pour poster suffisamment régulièrement de nouvelles choses pour montrer l'évolution de son travail, montrer qu'on est actif·ive, etc. Mais la communication c'est aussi de la com écrite et coûteuse (cartes de visites, flyers, affiches, photos, etc.), de la création de site internet, de l'hébergement de site à payer, etc. Il est quasi obligatoire d'investir dans un minimum de matos photo pour faire honneur à son travail, et parfois proposer des prises de vues correctes aux client·es même en dehors de la présence d'un·e photographe ... Et la communication, c’est aussi développer son réseau, démarcher de nouveaux·elles client·es …

  • Administration : Comme pour toute activité professionnelle, le maquillage - quel que soit le statut choisi - implique des coûts et du temps de travail administratif : paperasse en tout genre, devis (parfois pour rien), factures, comptabilité à tenir, etc.

  • Stockage : selon les maquilleureuses, l'espace dédié au matériel professionnel peut être plus ou moins important. Mais le stockage devient vite une problématique envahissante …

  • Un boulot intermittent en dehors du statut : les prestations de maquillage festif ne sont pas inclues dans le pack de l'intermittence. Pas de prestation chômage équivalente, donc, quand on ne travaille pas sur une prestation (enfin on travaille le reste du temps à se former, à l'admin, au démarchage, à la com, etc, que de l'indispensable, mais rien de rémunérateur). Hors, ces prestations n'ont lieu en général que le week-end, et en particulier à certaines périodes de l'année. Mais le nombre de week-end n'est pas extensible, et il n'est pas rare qu'avoir accepté un devis pour une demie-journée nous fasse passer à côté d'un contrat sur 2 jours pleins quand la prestation n’est pas simplement annulée pour cause de pluie.

  • Travailler maquillé·e/costumé·e : la plupart des maquilleureuses travaillent maquillé·es, coiffé·es et costumé·es. C'est encore une fois un coût en argent et en temps qu'il faut prendre en compte, au maquillage comme au démaquillage.

Et voilà, vous en savez un peu plus sur notre merveilleux métier ... parce que vous l'aurez deviné, même si c'est compliqué d'en vivre, que c'est compliqué d'en recevoir une rémunération juste et stable ... c'est un métier passion, et je suis certaine que chacun·e mesure sa chance de pratiquer un métier qu'iel aime !

 

Et si vous vous posez encore des questions, n'hésitez pas à nous les poser !